Low-Tech ne veut pas dire Hors-Tech. Choisir nos outils, c’est choisir notre monde

Low-Tech ne veut pas dire Hors-Tech

Pour une alliance fertile entre agriculture paysanne et souveraineté numérique

[version révisée 20250413 ML3A]

Introduction

Dans un monde en transition, des collectifs rêvent d’autonomie, de sobriété, de reconnexion avec la terre et le vivant. Ces projets — écolieux, habitats groupés, fermes collectives, tiers-lieux ruraux — se réclament souvent du low-tech, de la simplicité volontaire, du « faire avec peu mais ensemble ».

Mais, paradoxe : ces initiatives communiquent par courriel, organisent des réunions en visio, utilisent des serveurs et des outils numériques… sans toujours questionner la nature ou la gouvernance de ces technologies. Comme si l’outil numérique ne faisait pas partie du champ de transformation. Comme si le low-tech signifiait « rejet du numérique » plutôt que « choix conscient et soutenable ».

C’est ce paradoxe que je veux mettre en lumière ici.

🤔 Une dissonance numérique

J’ai récemment échangé avec une membre d’un collectif agricole qui m’a répondu :

   « Le numérique me rebute un peu, je ne pense pas que ce soit approprié à notre projet paysan / low-tech. »

Cette remarque est fréquente dans les milieux alternatifs. Mais elle révèle souvent une dissonance cognitive : répondre par courriel à un message tout en rejetant l’usage du numérique…

Car être low-tech, ce n’est pas refuser la technique : c’est la choisir, l’adapter, la relocaliser, la comprendre, la maîtriser. Ce n’est pas vivre sans technologie, c’est vivre avec des technologies appropriées, réparables, mutualisables et éthiques.

🧩 Le numérique est aussi un territoire

Tout comme la terre, le numérique est un espace à cultiver.
Soit on l’abandonne aux GAFAM, soit on le transforme en bien commun.

Le logiciel libre, les protocoles décentralisés, l’auto-hébergement, l’identité pair-à-pair sont à l’infrastructure numérique … ce que les semences paysannes sont à l’agriculture. Des ressources libres, ouvertes, adaptables, pour ceux qui veulent cultiver l’autonomie.
🌐 Exemple : CopyLaRadio et le réseau Made in Ẑen

   Hébergement web chez l’habitant
   Jetons numériques de gouvernance coopérative (issus de la Ğ1-JUN, monnaie libre)
   Comptabilité libre et transparente avec la blockchain
   Réseau de confiance "Homme / Machine" et Logiciels Libres.

🪙 Le Ẑen, une graine pour coopérer

Le Ẑen est un jeton numérique local (dérivé de la Monnaie Libre Ğ1) servant à :

   comptabiliser des dons ou apports en nature
   gérer les temps partagés ou les ressources mutualisées
   documenter les engagements réciproques dans les communs

Pas besoin d’être informaticien pour l’utiliser. Il est pensé comme un outil comptable, éthique, appropriable. Une graine pour faire grandir une coopérative distribuée d’écolieux.

🛠️ Low-tech ET numérique libre : des alliés naturels

Agriculture paysanne              Numérique libre
Semences libres                       Code libre
Autonomie énergétique           Auto-hébergement
Mutualisation d’outils              Protocoles décentralisés
Gouvernance horizontale        Identité pair-à-pair

Ces deux mondes ne sont pas opposés. Ils sont complémentaires.

🧭 Conclusion : choisir nos outils, c’est choisir notre monde

Low-tech ne veut pas dire “âge de pierre”. Cela veut dire : choisir ce qui est juste.
Et ce qui est juste aujourd’hui, c’est aussi de reprendre en main le numérique, de ne pas le laisser aux multinationales, aux GAFAM, pour le mettre au service du vivant.

La bonne nouvelle ? Ces logiciels libres, comme autant de semences libres, existent déjà.
Il suffit de les mettre en réseau, de les cultiver ensemble.

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